Comprendre la médiumnité
Depuis la Pythie de Delphes, aux chamans de Sibérie, aux sorcières du Moyen âge, en passant par les témoignages de fantôme au fil des siècles, on pourrait penser que le médium est historiquement ancien. Et pourtant…
La notion de médiumnité est relativement récente dans l’histoire de l’ésotérisme et des religions. Le mouvement spirite, du 19è et début du 20è siècle, marque un tournant dans notre façon de penser notre rapport à l’au-delà, avec un certain détachement du fait religieux et spirituel, pour tenter de le rapprocher du fait scientifique.
Victor Hugo faisait tourner les tables lors de séances de spiritisme, son fils pratiquait l’écriture automatique, tandis qu’Allan Kardec tentait de théoriser un tout nouveau paradigme de définition du médium et de la médiumnité au travers de ses livres. Cette période faste va rapidement connaître des dérives et le mouvement spirite décroît au moment de la 1ère guerre mondiale. Mais la notion de médiumnité est née et va rester profondément ancrée dans les dynamiques occidentales. Avec en particulier un renouveau au moment du développement du new-âge dans les années 1970, aux USA et en Angleterre.
Qu’est-ce que le médium ?
Le médium est littéralement l’intermédiaire (c’est même l’étymologie du mot). Souvent vu comme celui qui a la capacité ou le don (selon les approches mystiques) de communiquer avec les morts, il est à la fois l’intermédiaire pour le mort comme pour le vivant qui recherche le contact avec un être cher décédé, au travers lui.
Il est le pont entre deux mondes. Le monde physique et le monde spirituel/supranaturel/énergétique (selon les termes de chacun). C’est la définition la plus courante, mais aussi la plus inaboutie possible de la médiumnité.
Elle ne permet pas de comprendre la très vaste étendue de ce qu’est la médiumnité, qui est en réalité plutôt un terme générique pour indiquer la capacité à percevoir.
Percevoir de façon extrasensorielle ?
Le terme extrasensoriel est dérangeant. Il implique l’extraordinaire, là où la perception peut parfaitement être ordinaire, quotidienne. La différence tient dans la façon dont la société la perçoit et l’accepte, l’intègre, ou l’exclut. C’est une perception qui peut être polyvalente, complexe et prendre des formes très variées pour une même information derrière la perception. Et avec des applications plus vastes que la “simple” conversation avec l’âme errante de passage.
Intuition, clairaudience, clairvoyance, télétouché, sensibilité (voir hypersensibilité), empathie, télépathie… Des termes souvent galvaudés qui représentent les différents axes perceptifs. Que ce soit via une forme de vue, d’ouie, de touché, ou bien dans le ressenti des émotions d’un autre humain par exemple. Un sixième sens qui n’en est pas un, car il a tellement de possibilités d’expression différentes, selon l’identité de chacun, qu’il ne peut être limité à une unicité réductrice.
Prenons l’exemple du début perceptif :
L’intuition est commune à chacun, elle est une façon d’exprimer une connaissance que l’on n’a pas acquise rationnellement. Si elle peut même être parfois trompeuse, elle est souvent le premier pas de la perception vers la médiumnité. Elle nous permet de comprendre que l’on ne saisit pas tout avec la rationalité. Que la société ne nous apprend pas tout. Que parfois, il faut laisser place à l’absence de règles préétablies et l’accepter. Mais attention, pour autant la médiumnité est rationnelle ; au sens où elle obéit à des règles, à des structures et se comprend. Elle n’est pas un fourre-tout pour faire rentrer tout ce qui ne correspond pas aux attentes d’autrui : elle est un ensemble de capacités qui s’expriment plus ou moins selon les personnes. Et pas seulement parce qu’elles ont envie de percevoir. Votre vue, vos sens physiques s’expriment au quotidien et vous avez appris à les utiliser et à reconnaître au travers du goût, de l’odorat par exemple l’odeur de la pizza à l’ananas et des pâtes bolognaise. Il en est de même pour le médium : la médiumnité est tel un troisième bras, qu’il faut apprendre à comprendre, puis à éduquer, et enfin à maîtriser. Au départ, vous avez deux jambes en tant qu’enfant qu’il faut muscler puis ensuite utiliser pour apprendre à marcher. Idem pour devenir un médium accompli. Il n’y a pas de secret, il n’y a que du travail. Et ce travail permet en plus au dit médium d’arriver à un état où il ne subit plus la perception (il ne se cogne plus avec son 3ème bras contre les meubles).
Par delà cet ensemble, la médiumnité est un outil qui interroge sur notre rapport au monde, notre relation aux autres, et notre façon d’appréhender la mystique, la spiritualité, ou simplement la construction de l’univers. Folie pour les uns, expression d’un développement de l’humain pour les autres… Ce n’est pas tant ce qu’elle est qui compte, mais ce que l’on décide d’en faire.
Aider autrui à faire face au deuil. Permettre à une personne dans une situation qui sort de la norme d’obtenir une explication qui lui permettra de reprendre la main sur une épreuve de sa vie. Saisir des perceptions qui seront utiles à certains pour construire un habitat, ou explorer des pistes qui n’obéissent pas aux règles de nos sociétés…
Aujourd’hui, la médiumnité est devenue une tendance particulière pour l’introspection, la compréhension de soi. Elle est devenue une méthode à part entière de développement personnel, de mieux-être, de bien-être, au travers de l’ésotérisme. Pourtant, la plupart du temps, le mot ésotérisme ou médium n’est jamais utilisé, alors que cela relève directement de ces méthodologies et mouvements. Au travers de la médiumnité, il est possible de comprendre combien ces approches ont infusé notre société et comment les utiliser à bon escient. Car gare à celui qui se lance sans chercher à se “protéger”. La sortie de route et le délire mystique n’est jamais loin.
Comprendre et bien gérer sa médiumnité sont les deux premières étapes essentielles à tout développement.
Pour en savoir plus sur la médiumnité : https://www.alliance-magique.com/bien-etre-therapies/28-la-mediumnite-9782367360140.html